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Archives Mensuelles: février 2009

frederic magazine 3

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Du 10 au 28 mars, l’espace Beaurepaire (rue Beaurepaire à Paris) accueillera, sous l’égide de la galerie itinérante Arts Factory, une exposition autour du troisième numéro de Frédéric Magazine. Un numéro tout alléchant puisqu’en plus des 5 fondateurs (Poincelet, Fleury, Boinot, Pidoux, Prigent), on y verra des invités : 19 au total, dont Shoboshobo, Mat Brinkman (un totem personnel) et Blutch. Hâte de voir le livre (plus de 200 pages) et l’expo, qui pourrait bien être historique, déjà.

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J’ai pris ces photos chez BD Spirit, la librairie de bandes dessinées du 18ème arrondissement parisien. On y trouve des pépites, des trésors et tout donne très envie de lire : sélection de nouveautés, raretés, et très bons conseils des tauliers. Ce jour-là, ils venaient de racheter ce vieux numéro de Libé tout illustré par les graphistes de Bazooka. Le papier jauni, au bord de l’effritement, date de 1977 et son aspect désormais rugueux enlumine / illumine précieusement les dessins de ce jour-là – Libé était un journal différent, normal, mais on aimerait bien que tous ces numéros, à gauche de tout, revoient le jour, réédités comme ils étaient, histoire d’arrêter de les regretter.

Nouvel album des parisiens Sister Iodine, et un concert de lancement aux Instants Chavirés le 6 mars. Le disque, Flame Désastre, sort sur Premier Sang, un label tout juste fondé par Hendrik Hegray, qui a réalisé la jolie pochette visible ci-dessus. Le dique ne sort qu’en vinyle transparent, édition limitée à 500 exemplaires. Hâte de l’écouter, et déjà trois morceaux sur le myspace du groupe. www.myspace.com/sisteriodine

Skullflower et Shirley Collins, je n’ai envie d’écouter que ces deux artistes ces jours-ci et les mixer virtuellement dans ma tête pour mettre à jour un hybride incongru, un monstre bicéphale – ou plutôt acéphale tant j’ai l’impression qu’ils s’annulent pour n’être plus, ensemble, qu’un mélange physique perturbant. Et à force de les écouter, je me rends compte à quel point je décèle dans Skullflower une étrange mélancolie, surtout dans les enregistrements de la fin des années 80 – ici, j’ai mis la pochette de Form Destroyer, premier LP, 1989,  finalement arrivé par la poste avec 20 ans de retard – que serais-je devenu si je l’avais trouvé alors ? Aurais-je autant aimé les motifs de Loop et Spacemen 3 dont Skullflower me semble ête une version encore plus violente et démente ?

En tout cas, cette mélancolie qui émerge du bruit sourd de ce groupe m’atteint à chaque écoute, et me procure  la sensation d’entendre une musique fragile, prête pour la casse,  la brisure. Chez Shirley Collins, au contraire, la fêlure est tout apparente, mais ne donne jamais l’impression de vouloir se rompre pleinement. La chanteuse est au bord de la faille, debout et assurée, son chant est empli d’une fierté d’être là, triste interprète de mélopées folkloriques oubliées sans elle. En cela, je la trouve presque plus dure à écouter, plus difficile à apprivoiser que les murs de bruit incessant de Skullflower, bien plus familiers, qui me ravissent l’ouïe,  la parole, presque le regard.

Hundebliss est un label italien, qui vient de sortir un LP monoface de Hair Police. qui est Hair Police ? Un groupe issu de la scène noise, qui partage des membres avec Wolf Eyes. Sur scène, ils font un bruit extatique. Sur disque, ils sont tout aussi sauvages, même si leur récent CD, A Certainty of Swarms, les voit partir ailleurs, vers des territoires plus mouvants, utilisant presque des techniques dub. Totaled and Stranded, le disque sorti par Hundebliss est beaucoup plus calme, enregistré dans une chambre d’hôtel. Il capture un moment de répit, tandis que sévit dehors une tempête de neige. Drôle d’accalmie intérieure, qui se déroule comme un paysage autarcique et clos, refusant de regarder à l’extérieur pour mieux dissiper l’ouragan, ne pas se laisser submerger. Un paysage sonore, une entité mouvante, un instant d’éternité.

Troisième livraison de la revue Muscle Carabine, éditée par Stéphane Blanquet. Le format, toujours aussi imposant (30 * 40, comme les vieux Futuropolis), est le plus adéquat pour explorer ces dessins en double page, mettant en exergue une succession d’esprits frappés de visions insoupçonnables, de bribes d’enfer – ou de vies instables. Dans le lot de dessinateurs (mal) voyants, il y a le génial Daisuke Ichiba, dont le dessin donné ici est peut-être le plus beau vu de lui récemment. Il y a aussi les plus éclatants (et psychanalytiquement intrigants) personnages jamais vus sous la plume de Frédéric Fleury, ainsi que des pages d’un carnet de l’oublié Y5P5 (la dernière image ci-dessus). Surtout, les suppléments justifient l’achat (15 euros, un prix auquel on ne croyait presque plus) : un 45 tours de William Burroughs (une obsession personnelle qui revient à la charge ces derniers temps) et quelques pages libres, comme un magazine jeté dans un autre, consacrée à Pascal Doury – et là encore, les images montrées, en un noir et blanc infiniment détaillé et scrupuleux, ornées de petites notes de marges, sont simplement bouleversantes. Simplement ? non, plutôt miraculeusement. Le tout s’achète au Regard Moderne à Paris ou encore sur le site de United Dead Artists.