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Issu de Wolf Eyes, Stare Case est une belle démarcation, marquant une rupture, une faille, dans le territoire noise du groupe d’origine, annonçant une virée ailleurs, dans un répertoire plus décharné, comme si, d’un coup, le bruit avait cédé sa place à autre chose, mais que la fureur demeurait bien là. En une poignée de morceaux, Nate Young et John Olson explorent un son évoquant une rugosité blues, électrique et rappelant presque le Nick Cave de Tender Prey plutôt que les bluesmen originaux. C’est sans doute, dans cette comparaison, la distance avec le blues et sa recréation, qui joue à plein. C’est aussi, sans doute, une idée quasi mythique de réinvention de soi, mais dans une esthétique quasi sacrée aujourd’hui : car, en plus du blues, le groupe cite le Velvet Underground (celui du bootleg sacré Sweet Sister Ray, celui-là même dont on n’a jamais pu garder un exemplaire tant il est beau, intense et migraineux). En quelque sorte, c’est en s’enracinant dans ces deux polarités du passé, que Stare Case parvient à séduire et à faire penser qu’il y a bien une vie, très féconde, après le bruit de Wolf Eyes. On le savait, bien sûr, avec les disques en solitaire d’Olson et Young, mais on ne l’avait jamais autant saisi, de façon presque physique (on n’ose dire juste rock, presque pop). Il y a dans ce disque, de l’électricité, de l’espace sale, des abîmes de douleur, du faux jazz, beaucoup de basses, de l’électronique de décharge, une envie, surtout, de marteler une musique aux chansons surgies droit des entrailles. Un des beaux, beaux disques de l’année, qui ne se réclame de rien, mais ouvre une fente vers la lumière.

On peut clairement proclamer, en juin, mitan de l’année, que l’on tient déjà une poignée de disques qui pourraient bien faire office de « disques de l’année » si celle-ci s’achevait maintenant. Le prétendant le plus sérieux est un album du groupe Wet Hair, baptisé In Vogue Style, sorti sur le splendide label De Stijl et résonnant à la façon d’un melting pot très racé des plus belles choses qui soient jamais arrivées à la musique : Spacemen 3, Can, Silver Apples et quelques autres ressuscitent ici avec une majesté inégalée, développant d’étranges ailes depuis une cave à moitié éclairée. Pas grand chose de plus prenant, ces temps-ci, ni d’aussi joliment réussi, en matière d’équilibre entre rock et musiques planantes, pop brute et hypnotisme des motifs mis en boucle.

Il y a quelques semaines, j’ai acheté un 45 tours sur un label que j’aime bien, De Stijl. Le disque, signé Hype Williams, avait ce quelque chose d’incompréhensible qui m’attire souvent dans les disques : quelque chose d’indéfinissable, d’étrange. J’ai écouté le 45 tours, l’aimant sans parvenir à le définir pleinement. Et puis, là, une pleine page dans Wire sur un autre disque du groupe, un album, m’en dit plus long et me donne envie de poursuivre ma quête de ce qui est apparemment un duo londonien versé dans le hip-hop et ayant emprunté son nom à un réalisateur de clips de rap. Plusieurs morceaux sont à écouter sur Youtube et Myspace. N’hésitez pas à me dire ici ce que vous en pensez…