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Archives de Tag: comics

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Les éditions b.ü.l.b. comix éditent depuis quelques années une série de boîtes lilliputiennes qui contiennent des mini-comics créés spécialement pour l’occasion. Chris Ware et plusieurs autres ont déjà participé à ce beau projet, dont la nouvelle livraison inclut deux de mes auteurs préférés : Charles Burns et Mat Brinkmann. Le premier a conçu une histoire en forme de cut-up, remplie de souvenirs, de collages d’images et textes évoquant des moments de son adolescence – à moins que ce ne soit celle de l’un de ses personnages ? Le récit évoque en douce l’ambiance de son dernier roman graphique en date, le beau X’d Out. Les amateurs de Burns ne devraient pas rater ce beau petit objet. Et ils pourraient même y découvrir le talent fou furieux de Mat Brinkmann, dont les visions monstrueuses se déclinent ici sous la forme d’une historiette drôle et sauvageonne. Dans la même petite boite, trois autres mini livres signés Xavier Robel (que l’on apprécie tout autant que Burns et Brinkmann, et dont le travail évoque ici celui de Jonas Delaborde), Aisha Franz et It’s Raining Elephants. Le tout est édité en Suisse et s’achète par ici : chez b.ü.l.b. comix.

Johnny23 est une version « remixée » de Toxic, sortie par le Dernier Cri et remontée par Charles Burns, qui a remplacé le texte par un langage d’apparence asiatique : le tout donne l’impression d’une version bootleg du livre, avec un rythme différent, quelques images inédites, et une fin à mettre en parallèle avec celle, suspendue à une suite, du livre original. Cette version est éditée à 2000 exemplaires, et les 200 premiers contiennent une petite image en couleurs, reprenant le dessin que j’avais commandé à Burns il y a 3 ans pour le hors-série spécial BD des Inrocks. Entre l’image utilisée pour la couve de ce dernier numéro et celle donnée avec Johnny23, il y a une petite différence, un personnage supplémentaire qui n’avait pas été retenu pour la couverture, mais que Burns a eu la bonne idée de retrouver.

Seth avait habitué à un numéro annuel de son comics, depuis plusieurs années déjà. Quelques pages, continuant son exploration d’une bande dessinée très atmosphérique, faite de souvenirs intimes et de constructions fictives nostalgiques. Cette année, il franchit le pas et se rapproche de Chris Ware – ou du moins de la forme que Ware adopte depuis plusieurs années déjà pour son comics Acme dans sa version américaine : tout comme lui, Seth abandonne le format classique du comic-book pour éditer un vrai livre, cartonné, toilé, dans lequel plusieurs parties se répondent, dévoilant des facettes différentes de son talent : BD, sketchbook, maquettes… L’objet, pour cette première livraison, est parfait. On attend maintenant celui de Chris Ware promis avant la fin de l’année aux Etats-Unis.

Deux livres pris à Angoulême et édités par l’Employé du Moi, maison de Bruxelles plutôt intéressante et ludique. Le premier livre est du dessinateur Frédéric Fleury et fait suite à un précédent ouvrage du même nom, mêlant dans une veine autobiographique, des anecdotes intimes et des vignettes quotidiennes, plutôt drôles et incisives, souvent sans effet de manche, parfois tombant à plat, parfois touchant au coeur. Un peu comme dans la vraie vie. Ici, le plus étonnant, c’est le sens du rythme, le découpage, le montage de ces pages, qui défilent comme des instantanés que l’on soupçonne à peine liés entre eux, mais qui se découvrent au fil de la lecture de vraies affinités, d’indicibles échos. Mêle si je préfère le travail de dessin de Frédéric Fleury, que je trouve plus immédiatement fou, il y a quelque chose de tout à fait saisissant dans les deux volumes de C’est Triste, qui pointe un peu de la condition humaine, de l’absurde et du banal. Un peu ce que soulève aussi le Phase 7 de l’Américain Alec Longstreth, qui faisait figure dans les couloirs d’Angoulême de bûcheron barbu perdu, cousin de Will Oldham ou Neil Young. Son livre est issu d’une série de comics auto-édités et autobiographiques. On y suit, notamment dans une histoire centrale assez prenante, les pérégrinations de l’auteur dans sa quête pour devenir, justement, un auteur de comics. Drôle, modeste, pointilleux, le livre offre une vision de l’esprit humain pris dans son travail, dans son désir de se sublimer, de dépasser sa condition pour atteindre un statut à part. Hanté par son art et sa pratique, Longstreth nous renvoie à nos propres angoisses, à nos peurs de ne pas parvenir à être nous-mêmes.

Trouvé ce comics qui est comme une version porno de Desperate Housewives. C’est drôle, et le dessin est si peu raffiné, qu’il en est attachant. Le cadre est similaire à celui de la série télévisée : on est là aussi dans une banlieue huppée, où tout est question de domination, de rapports de force implicites. Lubrique et anecdotique.