J’ai interviewé Tongues of Mount Meru

J’écoute beaucoup The Ocean of Milk premier album de Tongues of Mount Meru, pseudonyme adopté par Lasse Marhaug (dont les disques en solo ou sous le nom de jazzkamer sont plutôt très appréciés des amateursde noise post-merzbow) et Jon Wesseltoft (du groupe de Black Metal Thorns). Leur disques présente deux morceaux, un par face, qui sont de très abrasives montées bourdonnantes, statiques et dures, fondées sur la répétition d’un orgue électrique primitif. Je leur ai envoyé quelques questions par email. Voici leurs réponses, écrites par Jon (Lasse était en vacances)

Comment avez-vous démarré ce projet, et avec quelles intentions ?
Nous avons tous deux une passion pour les drones de la vieille école et la musique très longue, qui nous a décidé à nous réunir pour voir quelles idées nouvelles pouvaient émerger d’un travail en commun. Nous avons fait deux sessions d’enregistrement l’an dernier et tout a démarré de là, improvisant la musique presque sans aucun préparatif. Le nom nous est venu après de longues considérations sur ce qui correspondrait le mieux à la musique. Il fait référence à plusieurs vibrations et à une seule source dans les mythologies hindouiste et bouddhiste, Mount Meru  est un centre céleste, un point unitaire et Tongues (langues) pointe des vibrations, mais aussi des qualités individuelles et de la singularité. Tout cela était parfait pour correspondre à des drones.
Comment avez-vous travaillé ensemble ?
Basiquement, nous avons enregistré ce que nous avons joué. Ensuite, les morceaux ont été édité pour correspondre à des formats spécifiques ou pour les renforcer. Les instruments étaient des oscillateurs, des amplis, un shruti petti et un accordéon  électrique.
Votre album est très intense. Quelle en était l’inspiration ?
Rien de spécifique. La musique est née de la situation dans laquelle nous étions, de l’équipement utilisé et de la période, celle des longs après-midis scandinaves ensoleillés. Nous apprécions tous deux le ravail de La Monte Young mais nous ne pensions pas à lui, spécifiquement. Nous aimons aussi les travaux d’Eliane Radigue, Charlemagne Palestine, CC Hennix, Yoshi Wada, etc.
Vos morceaux seront-ils tous forcément très longs ?
Oui, je crois que ce sera plus ou moins cela. Une musique comme celle-là a besoin de temps pour se développer et exige de son auditeur beaucoup d’attention.
Comment avez conçu la pochette qui a une sensibilité très hindou  ?
C’était une idée de Lasse et elle allait bien avec la musique, avec des connotations proches des vieux disques de musique électronique, tout en faisant un clin d’oeil vers l’Inde. La musique indienne n’est pas une influence directe, mais elle est à la source de toutes les musiques de drone. D’ailleurs toute la sensibilité drone autour de La Monte Young est connectée à Pandit Pran Nath, le maître de Young. Je suis moi-même très amateur de musique d’Inde, que je collectionne même sur cassettes, de toutes les traditions, raga et bajan, … Donc, pour moi, la musique longue, le raga, s’est infusée dans ce projet et sans doute pour Lasse aussi. A mon sens, cette musique est un des grands trésors mondiaux et je regrette qu’elle soit trop souvent réduite à de la « world » ou de la musique « ethnique ». C’est de l’ignorance pure et simple alors que c’est une musique tout aussi exigeante que la musique contemporaine électronique.
Langues, lait, éléphants : tout cela semble très organique, comme pour dire que la musique n’est pas faite par des machines.
Nous n’y pensions pas ainsi, mais c’est une bonne définition. Cela dit, ce n’est qu’un nom, sans déclaration formelle.Le lait fait référence à ce qui entoure le mont Meru.
Quels sont vos projets ?
D’autres disques sont prévus, mais pas de concerts. Si nous devions jouer, ce devrait être dans des endroits très spécifiques. Pas dans une salle de concert classique, mais dans la cave d’un vieux temple.

Les commentaires sont fermés.